La beauté sauvera le Monde.

 » La réaction de notre cerveau à la « mignonnerie » constiturait une adaptation évolutive : elle nous pousserait naturellement à prendre soin d’un autre être, à s’en occuper et à le protéger afin d’améliorer les chances de survie de l’espèce ». Konrad Lorenz

L’idée que les bébés animaux (et les bébés humains) sont « mignons » repose sur des mécanismes biologiques, psychologiques et esthétiques, bien étudiés dans la recherche scientifique.

Ce phénomène est souvent lié à une réponse évolutive appelée « schéma bébé » (ou Kindchenschema, un terme allemand introduit par l’éthologiste Konrad Lorenz en 1943).

Voici les raisons principales, fondées sur des recherches scientifiques, expliquant pourquoi nous trouvons les bébés si mignons.

1. Schéma bébé : caractéristiques physiques mignonnes

Les bébés (humains ou animaux) possèdent des caractéristiques physiques spécifiques qui déclenchent chez les adultes des comportements de protection et d’affection. Lorenz a identifié ces traits communs :

  • Tête disproportionnée et plus grande par rapport au corps.
  • Yeux grands et arrondis, souvent placés plus bas sur le visage.
  • Visage rond.
  • Corps potelé, avec des membres courts et épais.
  • Traits doux et lisses, sans angulosité marquée.

Ces traits induisent une réaction instinctive chez les adultes, provoquant des sentiments de protection et d’attachement.

Des études ont montré que ces caractéristiques provoquent une réponse positive dans le cerveau, en activant des régions liées au plaisir et aux soins parentaux.

2. Activation du circuit de la récompense

Les recherches en neuropsychologie montrent que la perception de la mignonnerie active le système de récompense dans le cerveau, en particulier le striatum ventral et l’aire tegmentale ventrale, des régions impliquées dans le plaisir et la motivation (Glocker et al., 2009).

Cela signifie que la vue d’un bébé mignon libère des neurotransmetteurs comme la dopamine, qui sont responsables des sentiments de bonheur et d’attirance.

Une étude a montré que les adultes, en particulier les femmes, présentaient des pics d’activité dans ces régions lorsqu’elles regardaient des images de bébés avec des caractéristiques du schéma bébé (Glocker et al., 2009).

3. Rôle évolutif : la survie

Du point de vue évolutif, la mignonnerie est un mécanisme de survie. Les bébés sont vulnérables et dépendent des soins des adultes. Le fait d’être perçu comme mignon stimule les comportements parentaux comme l’alimentation, le soin et la protection (Kringelbach et al., 2016). Ces comportements de protection augmentent les chances de survie des jeunes, garantissant ainsi la continuité de l’espèce.

4. Réactions émotionnelles et esthétiques

Sur le plan esthétique, les traits associés à la mignonnerie sont liés à la perception de l’innocence, de la vulnérabilité et de la pureté, ce qui engendre des émotions positives. Ce sentiment de douceur est renforcé par des comportements tels que le babillage ou la maladresse des bébés qui amplifient encore leur côté attachant (Sanefuji et al., 2007). La mignonnerie déclenche aussi une réponse émotionnelle appelée agression mignonne, où les individus réagissent à des niveaux extrêmes de mignonnerie avec des expressions verbales telles que « C’est trop mignon, je pourrais le croquer ! », qui sont des manifestations paradoxales mais courantes d’un excès d’émotion positive.

5. Esthétique de la simplicité et des proportions harmonieuses

Du point de vue esthétique, les bébés possèdent des proportions harmonieuses et une simplicité dans les traits qui attirent visuellement. En art, on parle souvent de la règle des proportions pour décrire ce qui est considéré comme esthétiquement agréable. Les têtes et les yeux disproportionnés des bébés suivent une forme de simplification qui plaît aux humains, car elle rappelle des formes universelles que le cerveau juge comme étant « parfaites » ou harmonieuses. (voir article L’or est dans la nature)

Finalement, les humains réagissent de manière naturelle et inconsciente aux traits physiques des bébés en déclenchant une réaction de protection maternelle.

Donc, est-ce qu’on préférera sauver les animaux mignons ?

Ce n’est pas Joshua Paul Dale, auteur de « How Cuteness Wired Our Brains and Conquered the World » qui nous dira le contraire. « [Quand on aperçoit quelque chose de mignon, ça] attire notre attention très rapidement, en un septième de seconde, en déclenchant une réaction dans le cortex orbitofrontal, [impliqué dans le système] de plaisir et de récompense du cerveau. Cette activité neuronale rapide semble être suivie par des processus d’évaluation plus lents qui suscitent le comportement de prendre soin [d’un autre être], diminuent l’agressivité et activent les réseaux impliqués dans le jeu, l’empathie et la compassion. »

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